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Une enquête sur la traite des êtres humains en France

La Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) publient les résultats de la 5e édition de l’enquête sur les victimes de traite des êtres humains accompagnées par les associations, et en particulier celles du Collectif "Ensemble contre la traite des êtres humains" qui y contribue depuis sa création.

Les résultats de la cinquième édition de l’enquête apportent des informations sur le profil de plus de 2 200 victimes accompagnées par 26 associations et établissements en 2020. Le contexte sanitaire a nui à la participation à l’enquête et a une incidence sur le nombre de victimes recensées. Cette diminution du nombre d’associations répondantes en 2021 s’explique aussi par les conditions d’organisation de l’enquête lancée plus tardivement que les années passées, en été 2021. Mais réaliser cette enquête était cependant importante car elle permet d'avoir un aperçu de l'évolution de ce phénomène et de sa prise en compte. 

Principaux résultats de l’enquête

En 2020, les associations ont repéré 3 489 victimes, dont 65 % ont bénéficié d’un accompagnement (soit 2 259 victimes).
Cette part est en hausse par rapport à 2019, elle s’élevait alors à 40 %.

Le nombre de victimes repérées varie selon les formes d’exploitation et leur visibilité.
Ainsi, 68 % sont repérées en tant que victimes d’exploitation sexuelle, dont 73 % ont été accompagnées par une association. Les victimes d’exploitation par le travail représentent 18 % des victimes repérées, et 53 % d’entre elles ont été accompagnées par des associations. Cette proportion plus faible peut s’expliquer par la particularité de cette forme d’exploitation, qui se déroule souvent dans un lieu privé.

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Plus généralement, les résultats sur les victimes de traite des êtres humains sont les suivants.
Les femmes sont toujours majoritaires parmi les victimes (79 %). Cependant, on note une augmentation significative des victimes transgenres (1 % en 2018, à 3 % en 2019, 9% en 2020). Les victimes mineures représentent 7 % de l’ensemble des victimes, dont 63 % d’entre elles étaient potentiellement non accompagnées selon les associations, principalement victimes d’exploitation sexuelle ou de contrainte à commettre des délits.

L’étude révèle par ailleurs que près d’un tiers des victimes accompagnées par les associations ont été exploitées durant leur enfance.

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Les résultats de l’enquête démontrent une nouvelle fois que la traite des êtres humains est un phénomène national et transnational.

En effet, les victimes accompagnées par les associations en France sont originaires de 73 pays différents, le Nigéria restant le principal pays d’origine, suivi par le Maroc, la Roumanie et l’Algérie.

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Un peu moins de la moitié des victimes  (47 %) ont déposé plainte auprès des forces de l’ordre et/ou du procureur pour traite des êtres humains ou un autre motif en 2020. Lorsque le questionnaire a été renseigné sur les suites données aux plaintes, il ressort que peu d’entre elles ont fait l’objet de poursuites sur l’infraction de traite.

À titre d’exemple, plus d’un quart des plaintes déposées par les victimes d’exploitation par le travail domestique ont été classées sans suite et seules 16 % ont été poursuivies pour traite.

Enfin, cette édition propose un focus sur l’accompagnement des victimes ainsi que sur l’évolution du phénomène de traite des êtres humains durant la pandémie, issue de l’analyse qualitative des partages d’expérience des associations.

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