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La colocation solidaire Valgiros

Victime d’un réseau de Traite des Être Humains, Juan* est arrivé du Pérou en 2019. Il a rencontré une association dans le Bois de Boulogne en 2020 et a vécu dans la colocation solidaire de l’association, Valgiros (Paris, 15e), avant de voler de ses propres ailes. Zoom sur ce type d’hébergement solidaire, qui implique des bénévoles et des travailleurs sociaux, autour d’un vrai projet de réinsertion pour les personnes.

Au cœur de Paris, dans le 15e arrondissement, il existe une colocation pas comme les autres, créée par l’association Aux captifs, la libération. Baptisée Valgiros – en hommage au fondateur de l’association le prêtre Patrick Giros. Cette maison accueille 21 personnes sorties de la rue et 9 bénévoles, et s’appelle - pour l’Etat - un « Centre d’Hébergement et de Stabilisation ». Il peut accueillir notamment des personnes en situation irrégulière, pour certaines victimes de Traite des Êtres Humains.

Ainsi, Juan, rencontré en 2019 dans le Bois de Boulogne, victime d’un réseau de traite, a quitté la prostitution et refait sa vie après un passage ressourçant à Valgiros.

Pendant son séjour, il a pu profiter de la vie quotidienne partagée avec de jeunes actifs, qui choisissent de vivre un ou deux ans une aventure solidaire au plus près de personnes en situation de vulnérabilité au cœur de Paris. Ainsi, Juan a pu se nourrir des échanges avec eux, le soir et le week-end, et vivre de vrais temps fraternels.

Parfois également, il a pu partir en séjours, loin de Paris, et découvrir la France dont il ignorait tout.

Ses jeunes « colocs », plein d’énergie, lui ont transmis l’idée que l’espoir d’une vie meilleure était possible et lui ont permis de se sentir digne, à nouveau.

Dans son parcours à Valgiros, Juan a également pu s’appuyer sur l’accompagnement de Corentin, travailleur social. A la différence d’autres colocations solidaires dans Paris, Valgiros compte en effet 2 travailleurs sociaux à plein temps, qui viennent chaque jour aider les personnes hébergées dans leurs démarches administratives et dans la construction d’un nouveau projet de vie. 

Juan est un homme qui a une soif d’apprendre, d’avancer. A 48 ans, nous sommes fiers de voir qu’il a pris son envol.

En effet, après un séjour de quelques mois à Valgiros, Juan vit désormais dans une résidence sociale. Il a signé un Contrat à Durée Indéterminée d’agent de maintenance dans une association parisienne et va passer son permis de conduire.

Aux Captifs, la Libération

L’association Aux Captifs, la Libération est née en 1981 pour aller vers les personnes à la rue en situation de précarité à l’intérieur de Paris, aux Bois de Boulogne et Bois de Vincennes ; avec aujourd’hui 25 maraudes hebdomadaires à destination des personnes en situation de rue ou/et d’exploitation sexuelle ou de prostitution, parfois victimes de traite des êtres humains.
Elle a aussi des équipes bénévoles à Bordeaux, Lyon et Nîmes.

Le cœur de sa mission est d’aller à la rencontre des personnes sur leur lieu de vie et ou d’exploitation. L’idée est d’aider chacun et chacune à construire un projet de vie, pouvant aller jusqu’à la sortie de la prostitution.

Les équipes de bénévoles et de salariés ont développé une expertise dans la rencontre, l’identification, l’accueil et l’accompagnement des personnes.

L’association propose également des permanences d’accueil et un accompagnement global à travers accompagnement social, accès au soin et au droit grâce à un maillage associatif adapté.

Les propositions de l’association visent à favoriser la liberté de choix des personnes dans leurs parcours. L'association déploie des activités de mobilisation /dynamisation ainsi que des séjours de rupture, comme autant de leviers de reconstruction vers une capacité à exercer sa liberté voire une insertion.

L’identification spécifique des victimes de traite aux fins d’exploitation sexuelle, mineures et majeures, est une des priorités de l’association ; tout comme la sensibilisation des pouvoirs publics et de la société aux problématiques liées à la traite des êtres humains.

L’association est agréée depuis trois ans par l’Etat pour accompagner des parcours de sortie de prostitution et de traite à des fins d’exploitation sexuelle.


Article proposé par Muriel Roy, Aux Captifs, la libération