Coordination : Geneviève Colas - genevieve.colas@secours-catholique.org - 06 71 00 69 90

Cartographie de la Traite des Enfants en Europe

Le Réseau RENATE*a réalisé une étude destinée à rendre visible la Traite des mineurs en Europe. Le but est de cartographier le phénomène, à la façon d’un géographe, afin de mettre en relief la réalité pour mieux agir sur le terrain.

Une première étude avait été menée dans 13 pays sur la Traite en général. Devant le nombre croissant d’enfants impliqués, le Réseau RENATE a cherché à approfondir et partager sa connaissance de la situation de la Traite des enfants dans 7 pays d’Europe : Albanie, Hongrie, Italie, Malte, Pays-Bas, Slovaquie et Ukraine.
 
Un phénomène mieux cerné est moins difficile à combattre et rend l’approche plus objective.
Cette étude se veut donc une source d’informations : vue d’ensemble sur la situation du pays, données chiffrées, profil du pays en lien avec les routes de la Traite, les politiques gouvernementales et le Plan National d’Action, les textes ratifiés, la législation, l’application de la loi, évaluation et recommandations, conclusions pour agir.

Un support de travail destiné aux professionnels et aux instances publiques 

Elle est destinée aux membres de RENATE et à toute personne qui souhaite mieux connaître la migration et ses effets sur les enfants en Europe, afin de mieux cerner le problème en consultant les rapports existants sur la Traite en général**. Faire connaître les textes et initiatives qui encadrent (ou encadreront) la protection des personnes migrantes : Déclaration de New York, injonction du GRETA à recentrer l’impact sur les enfants, Convention du Conseil de l’Europe, Convention des Droits de l’Enfant, et tout récemment, même s’il n’est pas contraignant, le Pacte Mondial de Marrakech.
 
On verra à la lecture exhaustive de cette étude que tous les pays sont concernés à un titre ou l’autre. Cependant, ils ne subissent pas tous la même pression migratoire.

Quant aux populations, violence, harcèlement, agression, dette, abus, faim, travail forcé sont le lot d’un grand nombre d’enfants et de femmes migrantes quel que soit le pays dans lequel a été menée l’équipe.

Nous observons plusieurs phénomènes dans les différents pays :

  • La corrélation entre le nombre de migrants et celui des victimes de traite, y compris des enfants.
  • L’identification des mineurs comme tels est problématique, comme leur accompagnement, l’argent nécessaire à leur prise en charge…
  • L’application de la protection des mineurs selon les lois nationales qui n’est pas toujours observée.

 
dangers

Chaque pays a eu sa propre méthode, mais les réponses données par les chercheurs/acteurs de terrain sont basées sur un questionnaire commun. L’étude*** tient compte de sources répertoriées, outre les personnes interviewées et leur expérience : 
  • Le Plan National d’Action contre la Traite du pays s’il existe
  • Le(s) rapport(s) du GRETA
  • Les TIP (Trafficking in Persons), rapports du Département d’Etat des USA. 

*http://www.renate-europe.net
** TIP, GRETA, UNODC, UNICEF & IOM, UNHCR et les data dans chaque pays étudié.
*** Le lancement officiel en est prévu en janvier 2019

Le contenu de l'étude

  1. Pour chacun de ces pays, après un résumé de la situation globale, l’étude décrit l’étendue et les modèles de Traite, s’appuyant sur les données statistiques quand elles existent.

  2. Suivent le profil du pays et les itinéraires empruntés pour la Traite, les facteurs en cause, les différents types d’assistance, juridique et professionnelle, financière et de protection.

  3. On étudie ensuite les données sur les divers titres de séjour octroyés.

  4. Sont passées en revue les politiques gouvernementales, le plan National d’action s’il existe, la protection des mineurs, les mesures gouvernementales en lien avec l’Europe.

  5. Puis ce qui est fait en matière de santé et d’éducation, le cadre légal propre au pays (majorité, âge légal du mariage…), la législation et la mise en œuvre de la loi, avec des exemples de peines infligées.

  6. L’étude du pays se termine par des recommandations en termes de prévention, protection, et une note sur la participation des organisations confessionnelles à ce travail.

L’étude se conclut :

« Il est souligné à maintes reprises que la réalité actuelle nous laisse dans un monde caractérisé par des déplacements massifs et une mobilité interne, la cybercriminalité, le fossé grandissant entre riches et pauvres, une vague de corruption pandémique à travers le monde, la cupidité et l'incapacité de beaucoup à faire face aux changements rapides qui règnent autour d’eux conduit à un monde souterrain de clandestins qui met au défi ceux qui travaillent pour la justice.
Il en invite beaucoup, qui sont appelés à faire front commun face à ce crime, à se lever honnêtement et à œuvrer de concert pour débarrasser le monde d'un tel fléau pour l'humanité et pour mettre fin à leur travail de collusion avec les criminels eux-mêmes.

Il ressort clairement du rapport des sept pays faisant partie de cet exercice de cartographie qu’il existe un manque de données actualisées à tous les niveaux du crime de traite des êtres humains et que, par conséquent, le droit et la justice ne sont pas en mesure de faire face à ce qui n’est pas ouvertement connu en termes d’analyse, de faits et de chiffres.

La vérité cependant comprise est que la réalité est bien plus grande que ces chiffres écrits.
On espère que cette cartographie de la traite des enfants conduira à davantage d’actions de la part de tous les spécialistes sur le terrain. RENATE les appelle à travailler plus étroitement ensemble et à tenir compte des conseils donnés dans les nombreux rapports cités dans ce document et dans les recherches menées sur le terrain au cours de la dernière année.
Comme pour les Objectifs de Développement Durable et le pape François à Rome, Renate vise à « débarrasser le monde de la traite des êtres humains d’ici 2030 ». Unissons-nous pour atteindre cet objectif ».

> Télécharger l'étude complète en anglais

RENATE est un Réseau Européen de religieuses et laïques répartis dans 30 pays d’Europe qui luttent contre la Traite et l’exploitation. Il fait partie d’un Réseau mondial : Talitha Kum, basé à Rome, qui fédère les réseaux similaires existant sur tous les continents. Ses activités sont nombreuses

Foyers pour les femmes victimes d’abus et de traite – réhabilitation 
Travail de rue auprès des victimes d’exploitation sexuelle
Travail de prévention auprès des femmes, et des enfants dans toute l’Europe 
Conscientisation dans les écoles, centres communautaires, églises
Lobbying et Campagnes : au plan local, national, Européen et international
Plaidoyer dans les média, média sociaux, articles et publications
Soutien psychologique individuel aux victimes à domicile ou en Foyers
Travail en Réseau avec les ONG Européennes et de l’ONU contre la Traite
Travail avec les réfugiés en centre de détention
Travail avec les demandeuses d’asile
Travail avec les personnes victimes de Traite : accompagnement multidisciplinaire,apprentissage de la langue du pays d’accueil…

La Congrégation ND de Charité du Bon Pasteur, qui fait partie du Collectif, est également membre de ce réseau européen.

 

Marie-Hélène Halligon, contributrice de ce texte, est membre de la Congrégation ND de Charité du Bon Pasteur.


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