J’ai compris que la solidarité fait la force, que parfois on est faible parce qu’on est seule. Au début c’était difficile, il fallait sortir de soi-même, apprendre à être en groupe, petit à petit on se libère un peu. J’étais très timide avant. C’est une grande victoire.
Je croyais être la seule mais aujourd’hui je sais que non. Je croyais que c’était moi.
Ça sert à montrer aux gens ce qu’on a vécu dans la prostitution, tout ce qu’on a subi, et dire que je n’étais pas d’accord avec tout ça mais que j’ai pas eu le choix.
Des fois on est sidérée, alors on continue comme si de rien n’était, on cache les coups derrière des lunettes de soleil, on sort et on rigole, on y retourne. Avant je n’osais même pas parler, j’étais tellement méfiante que je doutais de moi-même. Mais quand vous parlez, vous vous sentez libérée. Quand vous commencez à dénoncer cette identité qu’on vous a donnée, vous pouvez devenir vous-même. Laisser tout en soi, c’est une torture, vous revivez sans cesse les mêmes histoires. Alors qu’à force de parler, vous accumulez une force qui vous fait avancer, vous dîtes je peux affirmer, je peux devenir.
Je me dis que maintenant je ne veux plus me laisser faire, j’ai enlevé le bandeau sur mes yeux et j’ai vu clair. C’est une force. J’ai un futur qui m’attend, je dois me battre.