Etienne, peux-tu nous dire ce qui t'a conduit dans la situation de traite ?
" Tu es dans les rues, tu n'as rien, des habits sales. Tu laves les vitres des voitures, tous les jours au même endroit. Elle te voit, elle se dit : ce serait bien pour mes clients ; elle t'invente une histoire pour te convaincre de la suivre, elle te promet tout.
Qui suis-je pour dire non ? Pour la première fois de ma vie, quelqu'un essaie de me sortir de la rue, d'une vie de souffrance.
Tu dis oui, tu dois saisir ta chance. Avant de te prendre, elles te rendent heureux, elles gagnent ton coeur pour être sûr que tu ne repartiras plus jamais."
Comment en es-tu sorti ?
"J'avais peur pour ma famille, je ne savais pas comment faire, je vais aller où ? Je vais faire quoi de ma liberté ?
J'avais peur, mais aussi je ne savais pas comment faire... Quand j'ai vu l'association, j'ai vu qu'il y avait une possibilité. Quand je ne la connaissais pas, je ne savais pas qu'il y avait une possibilité. Comme ça, je prends courage."
Sur quels leviers t'es-tu appuyé pour en sortir ?
"Je vois qu'avec la protection subsidiaire, je suis libre, je suis très très libre. Cela offre beaucoup d'espoir. J'ai la possibilité de travailler bien, et étudier à l'école. J'étudie bien. Avant ce n'était pas possible comme ça. Avant, j'étais à la rue, froid, chaud, beaucoup de problèmes, la police, quelqu'un que je ne connais pas. Beaucoup de choses mal se passent. Mais maintenant je n'y pense plus. Je pense à ce que je vais faire, l'école, le travail, comment je vais aider ma famille. Avant j'avais peur des personnes qui m'ont ramené en Europe. Si je traine dans la rue, quelqu'un va me taper, me violer. Maintenant je n'ai plus peur, c'est la liberté."
Crédit photo : Gael Kerbaol