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Une sénatrice engagée contre la traite d’êtres humains

Pourquoi une sénatrice s'intéresse à ce sujet de la traite des êtres humains en lien avec l'Amérique Latine ?
J’ai rejoint la Délégation aux droits des femmes après mon élection en septembre 2023. J’ai eu la chance d’être nommée co-rapporteure d’une mission d’information sur les femmes à la rue, qui a donné lieu à de très nombreuses auditions et déplacements sur le terrain. Un des aspects alarmants auxquels nous avons été confrontées est la traite, sous toutes ses formes. J’ai par la suite demandé à rencontrer l’OCRVP, été mise en contact avec la remarquable secrétaire générale adjointe de la MIPROF, Cécile Mantel, fait des visites et maraudes d’associations engagées auprès des victimes… Le sujet est vaste et très méconnu.  
Je suis sénatrice des Français de l’étranger. 

Les Français de l’étranger sont des étrangers là où ils vivent, quand ils ne sont pas binationaux. En cohérence, nous ne devons traiter les ressortissants des pays étrangers aussi bien que nous souhaitons que l’on traite nos ressortissants à l’étranger.

Ainsi, lorsque l’ambassadrice du Paraguay en France, Cynthia Filártiga Lacroix, m’a fait part des difficultés qu’elle rencontrait pour répondre aux familles des victimes de traite, j’ai saisi cette occasion de braquer les projecteurs sur cet esclavage moderne, qui se pratique sous notre nez.

Quel était l’objectif de ce colloque ?
Nous avions plusieurs objectifs en organisant ce colloque le Sénat. Le plus important était de réunir autour de la table les acteurs directement concernés par le sujet, représentations étrangères en France, service de l’État et associations, pour les mettre en relation, faciliter leur travail et améliorer la cohérence de l’accompagnement des victimes. Nous souhaitions également que cet évènement soit l’occasion de nouer des partenariats de coopération bilatérale.
Nous souhaitions également en faire un sujet politique et je suis fière qu’Aurore Bergé, Ministre française déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, ait accepté d’ouvrir cette matinée d’échange. Très engagée sur ce sujet, elle porte une stratégie nationale de lutte contre le système prostitutionnel et l’exploitation sexuelle et sa présence était autant une chance pour nous qu’une preuve de l’engagement de la France sur le sujet. J’ai été également particulièrement touchée de l’intervention de Dominique Vérien, présidente de la Délégation aux Droits des Femmes du Sénat. 

Son engagement contre les violences inspire le mien et le sujet « traite » me semble devoir être remis dans le scope de nos travaux au Sénat.

Quelles suites seront données à ce colloque en matière de prévention et lutte contre l'exploitation et la traite des êtres humains ?
Les contacts ont été pris et, deux mois après le colloque, des conventions sont déjà en cours de discussion avec certaines ambassades présentes au colloque. La coopération de tous les acteurs, de la lutte contre les réseaux jusqu’à l’accompagnement des victimes, sera facilitée par la matinée que nous avons partagée au Sénat.
La richesse des échanges a permis à chacun de mieux comprendre les besoins et les actions des autres acteurs. Ce fut tout particulièrement le cas ceux qui ne se rencontrent pas habituellement. 

Si les associations et les pouvoirs publics ont l’habitude de collaborer, c’est moins vrai pour les ambassades et, a fortiori, pour les ambassades d’Amérique latine pour lesquelles le phénomène de la traite en France n’a pris que très récemment l’ampleur qu’on lui connait. 

Ainsi, cet évènement a permis de clarifier les actions menées par chacun et d’améliorer d’autant la coopération entre tous.
Enfin, nous pouvons espérer que le parcours des victimes sera plus simple dans les prochaines années. Si les acteurs se connaissent et travaillent mieux ensemble, ils pourront demain avoir une vision globale du parcours des victimes, à commencer par leur identification, la première difficulté étant l’état civil des victimes.
Cette vision globale permettra une cohérence dans l’accompagnement, et un suivi complet : c’était déjà ponctuellement le cas, parce que les acteurs de terrain font preuve d’un engagement admirable, mais ce colloque permettra, je l’espère, de généraliser et de systématiser ces bons réflexes.