L'ONU a appelé à sensibiliser sur le sort des victimes de la traite des personnes à l'occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains, dimanche 30 juillet. "Chaque victime de traite compte : Ne laisser personne de côté" : c'est le thème de cette Journée coordonnée par l’ONU.
Une journée mondiale pour répondre à un phénomène mondial
Esclavage domestique, exploitation sexuelle, travail forcé, adoption illégale, trafic d'organes, …
La traite d’êtres humains sous ses différentes formes est une problématique mondiale. « Tous les États sont affectés par la traite des êtres humains, soit en tant que pays d’origine, soit de transit ou de destination des victimes », assure l’ONU.
En 2010, l’Assemblée générale des Nations unies adopte le plan d’action mondial pour la lutte contre la traite des personnes. Trois ans plus tard, alors qu’elle se réunit pour évaluer le plan d’action, l’Assemblée proclame le 30 juillet, journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains, avec un objectif : « Faire connaître la situation des victimes de la traite humaine et promouvoir et protéger leurs droits. ».
Le 21 juillet 2023, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a alerté sur la situation des personnes victimes de la traite d’êtres humains : «Dans la plupart des cas connus, ceux qui subissent la traite sont des femmes et des enfants, dont un grand nombre est victime de violences brutales, du travail forcé et de l’horreur de l’exploitation et des atteintes sexuelles. »
Les crises mondiales, les conflits et l'urgence climatique augmentent les risques de traite d'êtres humains.
Les déplacements et les inégalités socio-économiques affectent des millions de personnes dans le monde, les rendant vulnérables à l'exploitation par les trafiquants.
Les personnes qui n'ont pas de statut légal, qui vivent dans la pauvreté, qui ont un accès limité à l'éducation, aux soins de santé ou à un travail décent, qui sont confrontées à la discrimination, à la violence ou aux abus, ou qui viennent de communautés marginalisées, sont souvent les premières cibles des trafiquants.
La pandémie de COVID-19 a également modifié les caractéristiques de cette traite, en le plongeant davantage dans la clandestinité et en augmentant potentiellement les risques pour les victimes en rendant le crime moins susceptible d'être porté à l'attention des autorités.
Ainsi, 41 % des victimes qui parviennent à échapper à leur calvaire s'adressent aux autorités de leur propre initiative - un autre signe clair que les mesures de lutte contre la traite des êtres humains ne sont pas à la hauteur.
Dans le contexte de la traite d'êtres humains, le fait de laisser des personnes de côté signifie :
- échouer à éliminer l'exploitation des victimes de la traite,
- échouer à venir en aide aux victimes après leur libération,
- laisser des groupes identifiables vulnérables aux trafiquants.
D’après l’Organisation internationale du travail (OIT), plus de 49 millions de personnes vivaient dans des conditions d’esclavage moderne en 2021, dont plus de 27 millions concernés par le travail forcé et 22 millions par le mariage forcé.
Dans le monde, 40 % de la traite d’être humains concerne le travail forcé et quasiment autant l’exploitation sexuelle (39 %), estime le rapport 2022 de l’Office des drogues et des crimes des Nations unies.
Les femmes ont trois fois plus de risques d’être exposées à des formes violentes de trafic d’êtres humains (menaces, violences psychologiques, physiques voire de l’extrême violence).
Selon l’OIT, la région Asie-Pacifique compte le plus grand nombre de personnes en situation de travail forcé (15 millions). Les pays arabes décrochent, eux, le record du plus haut pourcentage de personnes en situation d’esclavage par rapport à leur population, soit 5,3 pour mille personnes.
Dans son observation, l’ONU pointe des réponses nationales qui se détériorent.
Les taux de détection ont chuté de 11 % en 2020 et les condamnations de 27 %, illustrant un ralentissement mondial de la réponse de la justice pénale à la traite d’êtres humains, soulignent les Nations unies.
La campagne pour la Journée mondiale contre la traite d'êtres humains a pour objectif de sensibiliser aux évolutions et tendances inquiétantes identifiées dans le dernier rapport mondial sur la traite d'êtres humains de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et invite les gouvernements, les services de détection et de répression, les services publics et la société civile à évaluer et à intensifier leurs efforts pour renforcer la prévention, identifier et soutenir les victimes, et mettre fin à l'impunité.
Pour mettre fin à la traite d'êtres humains (#EndHumanTrafficking), nous ne pouvons pas tolérer que ce crime fasse l'objet d'une indifférence et d'une impunité croissantes. Nous devons renforcer la résilience face à l'exploitation et aux problèmes socio-économiques et culturels sous-jacents qui favorisent cette traite.
Nous devons sensibiliser tout le monde à la question de la traite d'êtres humains et ainsi porter notre attention vers ceux qui peuvent faire la différence en termes de changement de politique et de gestion des ressources nationales afin de renforcer les mesures de prévention, d'améliorer l'identification des victimes, d'accroître le soutien aux survivants et de mettre un terme à l'impunité.
Parce que la traite des êtres humains est un phénomène mondial qui demande une réponse mondiale, la société civile se mobilise à travers le réseau Coatnet
Le Secours Catholique - Caritas France est membre du groupe de pilotage du réseau mondial Coatnet abrité par Caritas Internationalis.
Contact : genevieve.colas@secours-catholique.org
A découvrir ici en anglais : La newsletter de Coatnet
Secours Catholique Caritas France
Le Secours Catholique Caritas France participe à la lutte contre la traite des êtres humains sous toutes ses formes (exploitation sexuelle, travail forcé, esclavage domestique, incitation au vol, incitation à la mendicité, trafic d’organes...) en soutenant des initiatives locales en France et dans différents pays et en développant des actions de plaidoyer auprès des acteurs institutionnels.
Il s’agit :
d’améliorer la prévention des populations à risque,
de sensibiliser le grand public,
de mettre en réseau les acteurs locaux pour développer l’échange d’informations et l’interaction,
d’accompagner les victimes (aide psychologique, juridique, sociale)
et enfin de développer des activités de plaidoyer aux niveaux national.
Le Secours Catholique - Caritas France qui coordonne le Collectif "Ensemble contre la traite des êtres humains" est membre de la plateforme européenne de lutte contre la traite des êtres humains créée par la Commission européenne.
Le Secours Catholique collabore régulièrement avec le GRETA du Conseil de l’Europe et interpelle le Comité des Parties à la Convention du Conseil de l'Europe contre la traite des êtres humains afin que le suivi de celle-ci interpelle les gouvernements signataires chargés de leur application dans leur pays.
Il est aussi membre du groupe de pilotage du réseau mondial Coatnet piloté par Caritas Internationalis, ce qui favorise des collaborations et partenariats avec diverses organisations de tous les continents.
Il intervient régulièrement avec le réseau Caritas présent dans 160 pays, dont il est le membre français, auprès des institutions de l'ONU : Conseil des droits de l'homme, Comité des droits de l'Enfant, rapporteurs spéciaux...