Devant le phénomène grandissant de la traite des mineurs, les Caritas d’Albanie, de Bosnie et Herzégovine, de France, de Jordanie, du Kosovo, du Liban, de la Slovaquie et de l’Ukraine se sont associées pour mener une recherche-action en Europe et au Moyen-Orient. Celle-ci vient d’être éditée et diffusée afin de sensibiliser et mobiliser les acteurs sur le sujet.
Les origines
Sur le terrain, les Caritas s’engagent dans différents domaines tels :
- Prévention des publics à risque
- Intervention dans des lycées ou auprès des minorités vulnérables pour prévenir des mariages précoces
- Accueil et accompagnement des enfants victimes au sein de leurs centres d’hébergements
- Orientation des mineurs vers des structures dédiées grâce à leur réseau de partenaires institutionnels ou issus de la société civile
- Formation et sensibilisation des professionnels au contact de victimes potentielles (police aux frontières, travailleurs sociaux, enseignants, associations, etc.) aux phénomènes de traite des enfants et aux mécanismes d’identification et d’orientation des victimes.
Cette recherche-action s’inscrit donc naturellement dans la continuité de cet engagement. Au contact des victimes et confrontés à la traite sur le terrain, les Caritas étaient à même de mener une expertise approfondie sur la traite des mineurs en Europe et au Moyen-Orient afin de rendre visible ce phénomène et ses problématiques et d’en tirer des recommandations en termes de lutte contre l’exploitation.
La traite des mineurs : un phénomène en expansion
La multiplication des conflits, les crises environnementales et la fragilisation sociale et économique de certains pays ont entraîné des mouvements de population, rendant ainsi bon nombre d’enfants particulièrement vulnérables face à la traite.
Le nombre de migrants mineurs non accompagnés augmente chaque année. La fermeture des frontières les incite à emprunter des itinéraires toujours plus dangereux, augmentant d’autant leur risque d’être exploité.
Des enfants invisibles
Selon les organisations internationales, il y aurait près de 13 millions d’enfants victimes de la traite dans le monde. Or, en 2016, le nombre de victimes officiellement identifiées était de 24 000, adultes et enfants confondus.
Cet écart est principalement dû :
- Au manque de connaissance du phénomène des professionnels en contact avec les victimes
- A l’absence de mécanisme spécifique d’identification et d’orientation des victimes
- A l’absence de démarche proactive dans l’identification des victimes
Certains mineurs ne sont enregistrés sur aucun registre d’Etat civil. N’ayant accès à aucun service de santé, aucune forme de scolarité, ils sont tout simplement invisibles.
Des victimes mineures poursuivies par les autorités
De nombreux mineurs exploités ne sont pas identifiés en tant que victimes de la traite. Ils sont alors privés de toute forme de protection. De plus, ils sont considérés par les autorités et l’opinion publique comme des migrants clandestins, des délinquants récidivistes ou des victimes de pratiques culturelles (plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’enfants issus de minorités discriminées).
Cette recherche-action met en lumière les difficultés rencontrées pour lutter contre la traite des enfants ainsi que les carences du cadre légal et de son application. Elle propose des recommandations concrètes aux institutions et à la société civile pour mieux identifier et accompagner les enfants victimes.
Objectifs de l’étude
- Cette étude vise donc à porter une attention particulière aux enfants victimes de la traite et à la nécessité de prendre en considération leurs besoins et droits spécifiques.
- Elle tente de mieux comprendre les mécanismes de la traite des mineurs et ses différentes manifestations en Europe et au Moyen-Orient afin de construire des dynamiques communes entre associations et institutions au niveau régional et inter-régional.
- Elle vise également à proposer des recommandations concrètes pour améliorer les pratiques et développer des actions de plaidoyer aux niveaux local, national, régional et international.
Le fruit d’une approche scientifique et pratique
L’étude est basée sur :
- Une analyse documentaire
- Une analyse sur le terrain
- Des entretiens avec des victimes et des acteurs impliqués dans la lutte contre la traite des êtres humains.
Chaque organisation Caritas impliquée dans la recherche-action s’est associée à un universitaire pour mener ses recherches.
La recherche-action a été effectuée sous la direction de Geneviève Colas, Secours Catholique-Caritas France.
Recherche et rédaction : Cécile Polivka
Avec la contribution des Caritas nationales de :
Albanie, Bosnie et Herzégovine, France, Jordanie, Kosovo, Liban, Slovaquie, Ukraine
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Voir le film "Agir contre l'exploitation et la traite des enfants !"
Secours Catholique Caritas France
Le Secours Catholique Caritas France participe à la lutte contre la traite des êtres humains sous toutes ses formes (exploitation sexuelle, travail forcé, esclavage domestique, incitation au vol, incitation à la mendicité, trafic d’organes...) en soutenant des initiatives locales en France et dans différents pays et en développant des actions de plaidoyer auprès des acteurs institutionnels.
Il s’agit :
d’améliorer la prévention des populations à risque,
de sensibiliser le grand public,
de mettre en réseau les acteurs locaux pour développer l’échange d’informations et l’interaction,
d’accompagner les victimes (aide psychologique, juridique, sociale)
et enfin de développer des activités de plaidoyer aux niveaux national.
Le Secours Catholique - Caritas France qui coordonne le Collectif "Ensemble contre la traite des êtres humains" est membre de la plateforme européenne de lutte contre la traite des êtres humains créée par la Commission européenne.
Le Secours Catholique collabore régulièrement avec le GRETA du Conseil de l’Europe et interpelle le Comité des Parties à la Convention du Conseil de l'Europe. contre la traite des êtres humains afin que le suivi de celle-ci interpelle les gouvernements signataires chargés de leur application dans leur pays.
Il est aussi membre du groupe de pilotage du réseau mondial Coatnet piloté par Caritas Internationalis, ce qui favorise des collaborations et partenariats avec diverses organisations de tous les continents.
Il intervient régulièrement avec le réseau Caritas présent dans 160 pays, dont il est le membre français, auprès des institutions de l'ONU : Conseil des droits de l'homme, Comité des droits de l'Enfant.