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Les statistiques sur les victimes de traite recueillies auprès des associations

La Miprof a conduit  une enquête concernant les victimes d’exploitation et de traite des êtres humains accompagnées par les associations en 2024 qu'elle a présenté à l'occasion de la Journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains du18 octobre. 

L’enquête annuelle sur les victimes d’exploitation et de traite des êtres humains accompagnées par les associations est réalisée depuis 2016 par l’Etat. Depuis 2024, elle est conduite par la Miprof dans le cadre du plan national de lutte contre l’exploitation et la traite des êtres humains 2024-2027.

44 associations ont répondu à ce questionnaire portant sur l’année 2024. Toutes n’ont pas répondu à l’ensemble des questions.
Quatre finalités de l’infraction de traite, définies à l’article 225-4-1 du code pénal, étaient proposées aux associations :

  • L’exploitation sexuelle ;
  • L’exploitation par le travail (comprenant l’exploitation domestique) ;
  • L’exploitation de la mendicité forcée ;
  • L’exploitation d’activité criminelle ou délictuelle.

Les personnes repérées et accompagnées par les associations, sur lesquelles porte cette étude, n’ont -le plus souvent- pas encore engagé de démarches auprès des forces de l’ordre. L’accompagnement par les associations vise, entre autres, cet objectif.

La présente enquête vient en complément de la publication des données administratives réalisée le 14 octobre 2025 par les services statistiques des ministères de l’Intérieur (SSMSI) et de la Justice (SSER) sur les victimes enregistrées par les forces de l’ordre, et sur les mis en cause orientés par les parquets (voir données principales ci-après). Toutefois, les sources, les méthodes et les indicateurs étant différents, il ne peut y avoir de comparaison entre les données issues de chaque publication.

Données clefs de l’enquête de la Miprof sur les victimes d’exploitation et de traite des êtres humains accompagnées en 2024 par les 44 associations répondantes

  • 7 285 victimes ont été repérées par les associations
  • 66 % d’entre elles ont été individuellement accompagnées, soit 4 823 victimes 

Le delta entre les victimes repérées et celles accompagnées individuellement peut être lié à : 

  • La difficulté à prendre conscience de sa situation d’exploitation,
  • La crainte de représailles directes ou sur ses proches,
  • La peur liée à une situation administrative précaire,
  • L’absence de stabilité géographique sur un même territoire,
  • Les troubles psychiatriques résultant du traumatisme subi ou d’addictions,
  • Un accompagnement déjà organisé dans le cadre d’une mesure de protection.

Parmi ces 4 823 victimes :

  • 86 % étaient victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle
  • 11% étaient victimes de traite à des fins d’exploitation par le travail
  • 2% étaient victimes de traite à des fins d’exploitation d’activité criminelle ou délictuelle
  • 1% était victimes de traite à des fins de mendicité forcée
  • 89 % étaient des femmes toutes finalités de traite et d’exploitation confondues.
  • Les femmes représentent 94 % du total des victimes d’exploitation sexuelle accompagnées en 2024
  • 52% des victimes majeures accompagnées étaient mineures au début de l’exploitation
  • 14% de l’ensemble des victime accompagnées étaient encore mineures en 2024. 

Parmi les victimes mineures, 

  • 76 % ont été victimes d’exploitation sexuelle,
  • 29% d’exploitation par le travail
  • 10 % d’exploitation d’activité criminelle ou délictuelle
  • 79 % ont été exploitées au moins en partie en France (dont 30 % exclusivement sur le territoire national).
  • Parmi les victimes d’exploitation par le travail en entreprise (donc hors cadre domestique),
  • 79 % ont été exploitées exclusivement en France
  • 31 % des victimes d’exploitation et/ou de traite des êtres humains ont été exploitées par un·e membre de leur famille.
  • Parmi elles, 44 % ont été exploitées par leur conjoint

71 % des victimes accompagnées ont été rencontrées via les activités sur le terrain des associations (maraudes numériques, maraudes physiques, permanences d’accueil ou recommandations d’associations tierces)

75 % des victimes ont été exploitées dans le cadre d’un réseau (quelle que soit sa taille)

Plusieurs données de l’enquête mettent en évidence l’emprise exercée par l’exploiteur·se ou les membres du réseau :

  • L’exploiteur·se ou le réseau a organisé le transfert des victimes vers la France dans la majorité des cas (72 %)
  • Durant leur exploitation, 66 % des victimes majeures étaient hébergées par l’exploiteur·se
  • 27 % vivaient même directement au domicile de l’exploiteur·se

20% des victimes (toutes finalités d’exploitation confondues) présentaient une situation d’addiction (alcool, drogues, protoxyde d’azote et/ou médicaments), 

  • jusqu’à 83% pour les victimes d’exploitation sexuelle et 90 % pour les victimes d’exploitation d’activité criminelle ou délictuelle. 

Les conséquences durables sur la santé de ces polyconsommations et polyaddictions sont une source majeure d’inquiétude majeure pour les associations mais aussi les professionnelles de santé 

Parmi les victimes d’exploitation par le travail :

  • 90 % des victimes d’exploitation domestique étaient hébergées directement chez l’exploiteur·se
  • 26 % des victimes d’exploitation par le travail en entreprise étaient exploitées dans le secteur du bâtiment,
  • 25 % dans celui de l’agriculture/viticulture/pêche,
  • 22 % dans le secteur du commerce de proximité
  • 18 % dans l’hôtellerie/cafés/restauration.
  • 8 % des victimes l’étaient par de la prestation de travail à domicile

En parallèle de l’enquête de la Miprof auprès des associations, et de façon complémentaire, les services statistiques du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Justice ont publié le 14 octobre 2025, un document concernant les données administratives sur l’exploitation et la traite des êtres humains.

Télécharger la publication sur l'enquête annuelle

Contact Miprof : catherine.lallement@miprof.gouv.fr