L'OCRTEH (Office central pour la répression de la traite des êtres humains) organisait les 18 et 19 mars derniers une formation des agents de l’OCRTEH et de la police dans le but d’améliorer l’accueil des victimes lors de leurs auditions. Les associations AFJ, Ac.Sé et Koutcha y ont contribué avec la MIPROF (mission interministérielle en charge de la traite des êtres humains). Une fois de plus, la collaboration entre les forces de l’ordre et la société civile semble essentielle.
Cette formation était placée sous le signe de la participation de tous afin de faire émerger une réflexion globale pour faire évoluer les pratiques des agents de police vers une meilleure prise en compte du vécu et de la perception des victimes.
Ainsi, au cours de ces 2 journées, les intervenants ont pu exposer leur expertise tout en laissant la place aux retours des participants qui ont partagé leurs points de vue par rapport à leurs contraintes de travail. Le tout dans le but de trouver des solutions adaptées à tous.
La parole des victimes était aussi présente à travers des témoignages audio ou en présentiel afin de mieux comprendre leur vécu et de le prendre en compte dans les solutions à envisager.
L’intervention des victimes a touché les agents de police qui ont ainsi pu mieux appréhender les problématiques auxquelles ils font face lors des démantèlements de réseaux ou des auditions.
Accueillir les victimes dans un climat de confiance
Aujourd’hui, il y a une réelle prise de conscience de la part de l’OCRTEH et des agents de police de l’importance de la parole des victimes pour faire avancer les enquêtes. De ce fait, les forces de l’ordre souhaitent améliorer leurs pratiques dans l’accueil des victimes afin de favoriser leur coopération avec la justice.
Il s’agissait donc, lors de cette formation, de donner quelques clefs aux participants pour qu’ils puissent favoriser la confiance des victimes lors des auditions afin qu’elles se sentent libres de s’exprimer et de s’investir ensuite dans la procédure judiciaire.
Prendre en compte le vécu traumatique des victimes
La première journée était axée sur la prise en compte des répercutions psychologiques de l’exploitation sur les victimes afin d’adapter leur accueil lors des auditions par les agents de police.
Les intervenants ont ainsi pu aborder les points-clés concrets et pratiques sur lesquels les agents doivent veiller au regard de l’impact psychologique du vécu traumatique des victimes.
L’importance de la sécurisation des victimes
C’est dans ce cadre que prend toute l’importance de la collaboration entre la police et la société civile.
Une victime accompagnée par une association, qui sait qu’elle sera protégée et hébergée en sécurité après l’intervention de la police, est beaucoup plus encline à s’investir dans la procédure judiciaire.
C’est pourquoi lors de cette formation, l’accent a aussi été mis sur la coopération entre les autorités judiciaires et les associations pour travailler ensemble pour la protection des victimes.
Au final, cette formation a initié une vraie réflexion de la part de tous les acteurs sur les pistes de solutions à mettre en place pour améliorer l’accueil des victimes et collaborer ensemble dans le but de mieux les protéger. C’est donc une avancée positive qui donnera certainement lieu à des suites.
L'association AFJ
C’est une association comprenant un foyer de mise à l’abri de 14 places et un appartement de 3 places à destination des femmes victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle.
Elle propose un accompagnement global des victimes : mise à disposition d’un hébergement, suivi administratif (ouverture des droits et régularisation administrative), suivi psychologique, actions éducatives d’insertion (apprentissage du français, accompagnement d’insertion professionnelle). Des activités sont proposées aux femmes au sein du foyer.
L’Accompagnement est effectué par une équipe de professionnels et des bénévoles.
Article écrit en collaboration avec Louise POELAERT, intervenante sociale et juridique à l’AFJ